Gardiens de la porte de l’Est

Les Kanien’kehá:ka ont été surnommés « Mohawks »1mangeurs d’hommes par les Algonquins lors de guerres, mais leur nom originel les désigne comme le « Peuple du silex ». Le terme « Kanien’kehá:ka » traduit par Mohawk est devenu « Agnier » en français. On les appelle aussi les « Haudenosaunee » qui signifie « Peuple des maisons longues ».

Originaires de l’État de New York aux États-Unis, d’Ontario et du Québec au Canada, ils font partie de la Confédération iroquoise ou Ligue des Six-Nations.

Joseph Brant 2
« Joseph Brant », Gilles Stuart

Peuple semi-sédentaire, ils vivaient jadis dans des villages formés de maisons longues en bordure de la rivière2la Mohawk où logeaient des familles de clan matrilinéaire. Chaque maison longue était liée à un animal totémique symbolisant l’ancêtre.

Le système de parenté matrilinéaire et résidence matrilocale qu’ils ont adopté, assure la transmission familiale de mère en fille : la mère de clan assurant les charges sociales et politiques.

Les hommes pratiquaient l’agriculture, la chasse et la pêche, assurant la réserve de peaux et fourrures. Les femmes quant à elles, se consacraient aux activités agricoles, produisant les trois sœurs – « Milpa » –3haricots, courges, maïs et tabac, sacrée pour les autochtones, à la vannerie, poterie et tissage de perles, ainsi qu’à la collecte du bois de chauffage et de l’eau.

Face à la crainte qu’ils inspirent à leurs ennemis et leur bravoure au combat, les Kanienkehaka sont rapidement instrumentalisés par les puissances coloniales, basculant dans de nombreux conflits qui se répercuteront au sein même de leur nation. Alliés des Britanniques dans plusieurs guerres entre les Européens, puis divisés, ils combattent soit du côté américain, soit du côté britannique. Après avoir perdu une grande partie de leurs terres aux États-Unis, ils s’installent dans des réserves au

Cornplanter
“Ki-On-Twog-Ky” aka « Cornplanter », Frederick Bartoli

sein de leurs terres ancestrales, tandis que d’autres s’installent au Canada dans la province du Québec, où les Sulpiciens les déportent à plusieurs reprises. Ils se partagent aujourd’hui Kanehsatake, Kahnawake et Akwesasne au Canada, Hogansburg et d’autres réserves aux États-Unis.

Résilience et résistance sont des termes qui caractérisent le parcours de ce peuple venu du fond des âges.

Les Mohawk ont perpétué leurs traditions et leurs pratiques spirituelles au cours des temps, et y sont très attachés. Malgré les traumatismes consécutifs à la colonisation, la perte irrésolue de leur territoire initial et l’extinction de la langue chez les plus jeunes, ils continuent de revendiquer leur autonomie culturelle et leur territoire ancestral en Amérique du Nord.

Iroq2
« Défaite des Yroquois au Lac de Champlain, 1609. »
Samuel de Champlain tirant sur des Iroquois au lac Champlain.

L’un des vétérans de la seconde guerre mondiale, Louis Levi Oakes1– natif d’Akwesasne -, décédé en 2019, était l’un des locuteurs du code mohawk, « code talker » utilisé pour des communications secrètes.