Text & photos : Ninka North
Dédié aux Premiers Peuples…
Ce site dévoile l’impact de l’assimilation et son évolution, mettant en lumière les rouages pervers d’une colonisation silencieuse parfaitement orchestrée, puisqu’elle les implique encore aujourd’hui en tant qu’acteurs du développement dans le secteur forestier et minier.
Un certain nombre de réserves sont aujourd’hui actionnaires ou détentrices de scieries et de mines, et emploient des prospecteurs autochtones depuis le début de la colonisation. L’histoire se répète depuis l’aube des temps…
Avec la crise climatique, ces questions prennent une autre portée car ce qui caractérise ces peuples de chasseurs-cueilleurs, c'est la croyance au fait que ni la Terre, ni l'Air, ni l'Eau ne peuvent être exploités.
Comment se positionnent-ils face aux grandes puissances internationales, alors que le réchauffement climatique ouvre des opportunités en matière d’exploitation de ressources des terres arctiques et boréales ?
Sont-ils authentiquement consultés ou au contraire instrumentalisés ?
Pour ces peuples qui se considèrent aujourd’hui encore les gardiens spirituels de ces territoires, le progrès est signe de prospérité, même s’il entache leurs convictions les plus profondes.
Comment vivent-ils l’impact des incendies qui dévastent la forêt boréale au Canada et en Sibérie, un puits de carbone perçu comme une véritable bombe climatique par les scientifiques depuis des années ?
Quels sont leur moyens d’action étant donné qu’ils sont régis par un système de gouvernance occidentale créé par la colonisation ?
Ce sujet est d’autant plus d’actualité que des traités se mettent en place, évoquant une « souveraineté territoriale » échangée pour les intérêts d’élus progressistes, alors que les chantiers se multiplient, sans respect des mesures environnementales.
Selon le Conseil canadien des ministres des forêts « Le secteur des produits forestiers emploie environ 11 600 Autochtones au Canada en 2016, soit 6 % de la main-d’œuvre forestière totale. Un secteur regroupant plus de 1 400 entreprises autochtones.1https://www.ccmf.org/les-canadiens-et-les-collectivites/les-forets-une-parties-integrantes-de-nos-collectivites/
Pour les faits, 50 % des stocks de carbone terrestre de la planète sont issus des forêts. Mais ce qu’on oublie trop souvent, c’est que ces forêts préservent la qualité de l’eau et de l’air…
Les plans d’exploitations des ressources naturelles se multiplient à toute vitesse malgré les recommandations du GIEC2https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1964599/crise-climat-rechauffement-ipcc-effet-serre. La coupe à blanc, quant à elle, détruit plus d’un million d’hectares de forêt boréale chaque année, parmi laquelle des forêts primaires vitales pour l’absorption du carbone et de gaz à effets de serre3IPCC Report Highlights Urgency of Global Forest Protection…
Le grand Nord, enjeu d’une transition écologique ?
Le Plan Nord (lancé en 2011) est le nouvel Eldorado pour les leaders internationaux.
On parle de transition énergétique, mais la réalité s’inscrit dans une extraction massive de minéraux et métaux rares dont l’impact environnemental est loin d’être insignifiant.
Les batteries des voitures électriques nécessitent nickel, lithium, cobalt, cuivre, des minéraux, dont l’extraction est extrêmement polluante. Chargés de solvants et de produits chimiques, les rejets des mines s’infiltrent dans les nappes phréatiques et stérilisent la terre, contaminant toutes les espèces végétales et la faune. Et lorsqu’on sait que ces mines à ciel ouvert, pour la majorité d’entre elles, ne sont pas assainies par les exploitants miniers, il y a lieu de s’inquiéter…
Lorsque internet est arrivé dans les réserves en l’an 2000, le rapport a la nature s'est altéré, le "contact avec la nature a été rompu... ont déclaré des "elders"...
Internet et les nouvelles technologies ont représenté des outils de colonisation passive en s’infiltrant dans les communautés, car malgré le potentiel extraordinaire de connaissance et de partage qu’elles représentent, elles ont signé la fin d’un mode de vie ancestral.
Mais comme nous-mêmes, ont-ils été informés de l’empreinte réelle de ces objets technologiques devenus indispensables au quotidien, jeux vidéos, connexions 5G, terminaux, essor des IAs, et de la toxicité des composants électroniques qu’ils nécessitent ? Ou des 40 métaux nécessaires à l’élaboration d’un smart-phone ?
Mais surtout, leur a-t-on dit que lorsqu’il n’y aurait plus d’arbres à couper, lorsque les artères de la terre (rivières) seraient souillées, les habitants de cette planète mourront ?
Ce fameux développement durable a en réalité un prix qui est loin d’être dérisoire, parce qu’il continue à utiliser des énergies fossiles non renouvelables. Il n’y a pas de solution-miracle… La vraie réponse n’est pas dans le saut d’un progrès qui va laisser la planète dans un état critique, mais la résolution d’interrompre cette production aliénante qui a lieu pour plus de confort et d’activités récréatives non essentielles.
Guerre climatique et environnementale, sur fond
d’obsession technologique…
La conquête des territoires, développement axé sur la recherche de minéraux indispensables à l’évolution technologique, renvoie à ce monde du contrôle souhaité par une élite, et au développement inconsidéré des « machines ».
Va-t-on démanteler la Terre avec des mines à ciel ouvert pour devenir des « post-humains augmentés » dirigés par des intelligences artificielles sur une planète stérile ?
C’est une question qui mériterait probablement une consultation universelle, et non l’avis de compagnies de think-tanks réunies lors de coûteuses tables de négociations. Mais dans « la société du spectacle »,4https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Soci%C3%A9t%C3%A9_du_spectacle_(livre) au milieu du brouhaha fleuri de biais cognitifs et de propagande, déni et ignorance se substituent à une conscience collective.
Aujourd’hui, nous assistons impuissants à la destruction de notre planète sous le regard impassible des géants, « dieux postmodernes » réinventant les codes de la vie dans leur vision virtuelle, copie paranoïaque du réel…
Mais que ces faux dieux se le disent, la Terre n’est pas à vendre, et ses ressources ne sont pas des « produits » côtés en Bourse par des investisseurs. Elle est la matrice de toutes les formes de vie et nous, les humains, n’en sommes que des locataires temporaires.
Alors que je tapais ces mots, je remarquai qu’il n’y avait pas d’écho. Personne ne me lisait, sauf les statuettes des trois petits singes5https://fr.wikipedia.org/wiki/Singes_de_la_sagesse perchés sur l’étagère…