Texte & Photos : Ninka North

Black Bear est un groupe de drummers très populaire en Amérique du Nord. Le groupe suit le circuit des pow wows depuis les années 2000 et publie des albums s’inspirant de la musique traditionnelle dans le style nordique le plus pur depuis 2011.

Son nom est inspiré par l’expérience de Joséphine Moar, une petite fille atikamekw recueillie par un ours après s’être égarée en forêt.

Chaque fois que je me suis rendue dans des pow wows où ils officiaient, j’ai reconnu leurs battements spécifiques et cette grande énergie qui les caractérise.

Daveen Moar est le leader du groupe. Il a débuté son initiation auprès de son père, Gilles Moar, à Manawan, s’inspirant du processus de guérison que celui-ci a expérimenté.

Plusieurs membres du groupe sont issus de leur famille, auprès desquels des jeunes de la communauté se sont joints au fil du temps.

J’ai toujours vu Daveen derrière ses lunettes de soleil lorsqu’il jouait derrière le drum. C’était « l’homme-aux-yeux-miroirs » comme je le surnommais, avant de faire sa connaissance. Plantée à deux mètres du tambour, au cœur de cet espace où évoluaient les drummers, je sondais mes questionnements dans le reflet de ses verres, alors même que je percevais le souffle de la Terre…

Les membres de l’équipe s’alternent en fonction de leur disponibilité. On y retrouve Daveen, Gordie et Dickie Moar, Kent Nequado, Léo Dubé, Charles, Eddy, Nicolas et Keith Michel Flamand, et Pierre-Marc, Ghislain et Jim-Vincent Ottawa.

Parler de tambour n’est pas une chose anodine. C’est une histoire de transmission et de fierté, l’une de ces traditions sacrées chères aux autochtones, d’autant plus essentielle qu’elle représente l’héritage d’un savoir ancestral que la colonisation n’as pas réussi à éradiquer.

Le tambour est un des piliers de la tradition… Il n’est pas un objet comme les Occidentaux l’entendent, mais un être à part entière qui donne son enseignement, traité avec le plus grand respect parce qu’il transmet les battements de

cœur de la Mère, notre Terre. Accompagnant danses et cérémonies, le tambour invite les danseurs, avec le chant de prière des singers, à se joindre au centre de l’aréna des pow wows pour la guérison.

C’est d’ailleurs à ce titre qu’il est considéré comme une médecine au cœur des communautés, aussi crucial pour les aînés que les plus jeunes.

« Il faut honorer le tambour » et c’est précisément ce que font les Black Bear avec une redoutable puissance.
À chaque pow wow, le tempo hypnotique de leurs battements sonne avec gravité, répandant leurs vibrations dans l’espace avec entrain. Et ce qui se passe ici n’est pas seulement d’ordre festif, mais d’ordre spirituel…

Le groupe participe également aux pow wows traditionnels ainsi qu’aux compétitions intertribales annuelles. Ils ont gagné le prix Juno en 2016 pour le meilleur album de musique autochtone, et réalisé des performances en s’associant notamment au groupe de musique électronique autochtone canadien « A Tribe Called Red ».

Leurs albums sur Spotify :

Radio Black Bear sur Spotify :

Albums :

  • Out of Hibernation (2011) ,
  • Spring Medicine (2012),
  • Rez Road (2013)
  • Come and Get Your Love (2014)
  • Notcimik (2017)

Prix :

  • Out of Hibernation : prix du meilleur album de pow wow à la sixième édition du Indigenous Music Awards 2011.
  • Come and Get your Love : the tribe Session, nominé au prix Juno 2016


Site web :