Ils ont traversé des glaciations, des océans, des territoires sauvages, survécu au plus grand génocide de la planète et restent plus qu’aucun autre peuple, vulnérables à la déforestation massive et à l’exploitation des énergies fossiles sur leurs terres ancestrales…

Ce sont ces visages de chasseurs-cueilleurs que je veux remettre en tête à l’heure du changement climatique et de l’exploitation massive de la planète.

Des visages parmi lesquels se mêlent métis et descendants de coureurs des bois, témoignage des guerres qui ont soulevé ces territoires, et des traumatismes profonds qui ont marqué l’histoire des Premiers Peuples…

Ce site présente une partie du circuit des pow wows du Québec et de l’Ontario, que je suis depuis bientôt dix ans.

Ces rassemblements annuels sont considérés comme une médecine. Voie de guérison que certains désignent sous le nom de « Voie rouge », c’est aussi le chemin spirituel que les Premières Nations ont mis en place pour se réapproprier leur identité après la vague de traumatismes subie durant la colonisation.

J’ai arpenté un grand nombre de pow wows, courant derrière les danseurs pour découvrir ces êtres, dont les légendes avaient nourri mon enfance. Mais il faut aller plus loin pour « voir« , ôter nos masques d’occidentaux blasés en quête de sensationnalisme pour aborder le « cercle de guérison », ce cercle initiatique figuré par l’aire de danse.

Le photoreportage regroupe des portraits de danseurs traditionnels réalisés sur le circuit des pow wow au Québec entre 2014 et aujourd’hui, et s’articule autour d’articles et de reportages réalisés en réserve.

Ces photos ne reflètent pas le quotidien des autochtones avant leur évangélisation, mais les mots des « elders »1aînés relatent la violente assimilation qui s’est opérée lors de la sédentarisation des peuples nomades, et la réalité des traumas intergénérationnels qui en a résulté.

Les drames des pensionnats comme celui de Kamloops2https://fr.wikipedia.org/wiki/Pensionnat_indien_de_Kamloops sont là pour le rappeler, tout comme le font ces « invisibles »: ces itinérants égarés dans les rues des villes modernes, fuyant les baraquements insalubres au cœur des réserves du Grand Nord où sont entassées des familles entières…

Ninka North est mon pseudonyme de photojournaliste & autrice
franco-canadienne.