Text & Photos : Ninka North
« Dans les pow wows, il y a beaucoup de médecines », racontent les danseurs…
Des battements de tambour au loin, un grondement continu parcourant l’espace alors qu’on se rapproche du mât érigé au centre de l’aire de danse, se réappropriant instinctivement les gestes du premier homme..
Rythmés par ces drums dont les battements sacrés rappellent ceux du cœur de la Terre, les Pow Wows sont des rencontres intertribales ponctuées de cérémonies et de danses traditionnelles; espace hors du temps durant lequel on troque ses vêtements de tous les jours, pour devenir acteurs d’une célébration de dimension sacrée.
Symbole unificateur des différentes nations, le pow wow est l’évènement le plus important de l’année. Mise en péril par les interdits occasionnés par la colonisation et l’évangélisation, sa perpétuation s’est faite discrètement, à l’abri des regards, clandestinement jusqu’en 1951.
Durant la période de répression qui dura plus d’un siècle1amendement de 1880 et de 1895 apportés à la loi sur les Indiens, les danses furent proscrites. Au Québec, le premier pow-wow s’est tenu en 1991, mais depuis lors, la tradition a connu un net regain d’intérêt.
Le nom « pow wow » prête à controverse. Certains suggèrent qu’il est issu de « pawnee pa wa », signifiant « manger ». Pour d’autres, il dérive du mot « pau wau » ou « pa wa »2https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/histoire-des-pow-wow qui, en narragansett3langue algonquienne,, signifie « il rêve » et désigne le « medecine man », le guérisseur. Quoiqu’il en soit, le terme finira par désigner les rassemblements autochtones de toutes les tribus à l’arrivée des premiers colons.
Aujourd’hui, de nombreux pow-wows organisent des concours de danse intertribaux et des foires d’artisanat traditionnel.
Si les anciens pow wows étaient des évènements de nature spirituelle et guerrière4célébration d’exploits et de bravoure au combat, les rassemblements actuels en ont gardé le caractère sacré. Ce sont d’ailleurs les vétérans de guerre qui ont remis les pow wows à l’honneur.
Les danseurs y arborent leur régalia confectionné durant l’hiver et plumes d’aigles obtenues par leur cheminement spirituel. Ils pénètrent le Cercle à partir de l’Est, en marchant vers le soleil. L’aire sacrée du pow-wow, le cercle au milieu duquel s’élève le mât, symbole du centre de l’univers, est toujours béni par un chef spirituel.
Une tête d’aigle, symbole du Grand Esprit ou Grand Mystère – « Wakan Tanka »5https://fr.wikipedia.org/wiki/Wakan_Tanka en Lakota (Sioux) -, est souvent accrochée au mât central.
Lors des cérémonies, le chant et la danse, tout comme la plume d’aigle, sont des médecines. Rien n’est laissé au hasard : symboles animaliers et floraux, couleur des plumes portées par les danseurs, tout est empreint d’une signification précise. Les plumes peuvent être peintes en rouge ou ornées de points rouges, fendues ou dentelées. Le sens initial renseignait sur les faits d’armes des guerriers au combat.
Aujourd’hui, les pow wows accueillent des compétitions de danse et des foires d’artisanat traditionnel, mais il existe parallèlement des pow wows de plus petite envergure, plus familiaux, qui gardent la touche authentique des premiers rassemblements.
Les métis, aujourd’hui très présents au milieu des autochtones, participent au renouveau de la tradition et élaborent également
leur propre régalia. Beaucoup d’entre eux figurent d’ailleurs parmi les danseurs traditionnels qui font le circuit des pow-pows annuels. Depuis plus d’une dizaine d’années, leur nombre a considérablement augmenté; un phénomène attestant du regain d’intérêt pour des racines ancestrales; même s’il existe parmi eux un pourcentage de métis autoproclamés.