Notre évolution a entraîné un déséquilibre environnemental au cours de l’histoire; atteignant son paroxysme durant la révolution industrielle avec l’exploitation des mines de charbon et des nouvelles sources d’énergie – pétrole et gaz -. Un siècle plus tard, notre planète vit une crise climatique majeure imputable à cette « culture de mort » qui continue d’essaimer sur la totalité du globe pour sacrifier les derniers sanctuaires naturels.

Racisme, guerres et colonisation, font partie de cette stratégie du choc pour reprendre la pensée de Naomi Klein1https://fr.wikipedia.org/wiki/Naomi_Klein, et d’absorption des peuples, qui est la base du capitalisme.

L’obsession du « développement » est toujours portée par un humanisme forcené : il faut aider ceux qui sont « différents » et donc « faibles » au regard des valeurs importées par la culture dominante, les aider en remettant en cause ou en anéantissant leur système de pensée, leur langue, leurs traditions.

Mais comment ce processus s’est-il enclenché ?

Il a surgi durant le Néolithique, lorsque des agriculteurs partis des pays du Croissant fertile sont arrivés avec leurs bêtes en Europe. Débutant leur sédentarisation, ils créent la propriété dans un monde de nomades qui vivait alors dans des maisons longues2maisons qui ont malheureusement fait disparaître progressivement les forêts primitives d’Europe par leur conception.

Au tout début de leur genèse

Il y a 200.000 ans,  les homo-sapiens ont quitté  l’Afrique australe au nord du Botswana, pour débuter les premières migrations, ils ont laissé derrière eux les ancêtres des San3Le nom « Bochimans » dérive du néerlandais « bosjesma », introduit par les Boers., peuple apparenté au groupe pratiquant les langues à clic, les Khoïsans.

Que ce soit en Amérique ou dans les terres australes, partout sur la planète, les représentants des tribus de chasseurs-cueilleurs les plus anciennes ont fini par être sédentarisés après avoir été chassés de leurs terres par les colons, pour l’exploitation des mines…

 

 

La révolution néolithique

Pour comprendre les rouages de la pensée colonialiste – sa conquête territoriale et idéologique -, il faut revenir sur les racines de cet état de guerre permanent engendré par la sédentarisation.

À la fin du Pléistocène, la dernière ère glaciaire, l’homme sort du Néolithique pour l’Âge du Bronze. C’est entre 14500 et 11500 av. J.-C.-, durant le Natoufien4https://fr.wikipedia.org/wiki/Natoufien qu’apparaissent les premiers villages de chasseurs-cueilleurs au Proche-Orient. Il faut attendre la fin du VIIe millénaire, pour que des groupes humains du Croissant fertile, mettent fin à leur nomadisme, en développant l’agriculture et l’élevage.

L’abandon de ce mode de vie entraîne de profonds changements. Alors que le nomadisme limitait les naissances à un enfant tous les trois ans pour la survie du groupe, la sédentarisation fait grimper la démographie très rapidement.

Par ailleurs, la structure de la société des chasseurs-cueilleurs, initialement matrilinéaire et égalitaire – généralement matrilocale5Descendance assurée par les femmes, les hommes se déplacent chez les femmes avec lesquelles il s’unissent, évitant la consanguinité. – fait place au patriarcat. La perception du monde change. Désormais, l’homme domine la nature et la femme perd son statut6Moment-clé dans l’histoire où s’impose la figure du héros mésopotamien Gilgamesh tuant le taureau sacré, symbole de la nature indomptable. L’Epopée de Gilgamesh, texte assyrien du VIIe siècle av. J.-C., s’inspire dans son récit du déluge, du mythe babylonien d’Atrahasis, tradition mésopotamienne inspirée de la grande inondation. .

De l’Ordre naturel à l’Impérialisme

Avec l’édification des premières cités, débute la colonisation territoriale et culturelle, et le syncrétisme. Cette impulsion de réécriture de l’histoire, propre au patriarcat, annihilera l’histoire et l’héritage de civilisations antiques d’un haut degré spirituel.

Sumer est la première civilisation édifiant des villes et maîtrisant l’écriture. Vers 3500 ans av J-C, les fondateurs d’Uruk font ériger une muraille pour protéger leur peuple, la première ville qui deviendra le terreau des valeurs perpétuées jusqu’à nos jours. C’est là que débute l’exploitation des richesses de la terre et le commerce.

Des siècles plus tard – au VIe siècle av. J.-C – l’apparition du monothéisme transforme de nouveau l’ordre du monde. En se dispersant, les tribus abrahamiques7Descendants du Noé qui a survécu au déluge de la Mer Noire répandent des récits inspirés d’un dieu unique, initialement Indo-européen, opposé au polythéisme et à l’animisme originel. C’est sur ce terreau idéologique et religieux que germe l’impérialisme européen, un système politique dont la stratégie de conquête est intimement liée à une mission civilisatrice.

Avec le temps zéro qui coïncide à la mort du Christ8Temps marquant l’avènement de la religion judéo-chrétienne, le prophète judéo-palestinien, toutes les civilisations antérieures et leur savoir tombent dans l’oubli. En 325, la conversion de l’empereur Constantin permet d’établir les fondements de l’Église chrétienne reconnaissant l’autorité du pape de Rome lors du concile de Nicée, dit « Saint, Catholique et Apostolique ».

Dès lors, la religion sera amenée à sortir de son cadre spirituel, pour prêter main forte aux systèmes politiques qui asservissent les peuples et colonisent «la terra incognita»9https://fr.wikipedia.org/wiki/Terra_incognita. Des héros se croyant investis d’une mission divine, tels que Christophe Colomb, sillonnent les mers pour détruire les fausses croyances qui sévissaient

dans ces contrées jusque-là inaccessibles, répandant leurs paradigmes et la terreur sur leurs pas.
De nouveaux mondes émergent, attisant la fièvre de l’or et de l’exotisme. C’est le temps de la colonisation, procédé permettant de réduire les hommes en esclavage, afin d’exploiter de façon disproportionnée les ressources naturelles de la planète…

Le « temps de l’inversion des valeurs » émerge lentement, drapé d’auréoles et de l’or des idoles.

« Carte de la Nouvelle France, augmentée depuis la dernière, servant à la navigation faicte en son vray meridien, par le Sr. de Champlain capitaine pour le Roy en la Marine lequel depuis l’an 1603 jusques en l’année 1629 ; a descouvert plusieurs costes, terres, lacs, rivières et nations de sauvages, par cy devant incognuës, comme il se voit en ses relations quil a faict imprimer en 1632, ou il se voit cette marque … ce sont habitations qu’ont faict les François. »
Créateur : Champlain, Samuel de, 1574-1635
Éditeur : [Paris :L. Sevestre,1632]10https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2246880