« Le Peuple de l’écorce »

Les Atikamekw sont un peuple autochtone du Québec, vivant au cœur de la Mauricie et de Lanaudière. Leur nom signifie littéralement « grand corégone » , ce poisson pêché dans la région des grands lacs. Mais les colons français les surnommaient «Têtes-de-Boules » en référence au bonnet enserrant le crâne des nouveaux-nés.

La nation atikamekw s’étend sur trois bandes, trois réserves – Manawan, Obedjiwan et Wemotaci – où l’on parle couramment l’atikamekw, langue de la famille algonquienne, et le français.

Avant l’arrivée des Européens, ils vivaient en tant que chasseurs-cueilleurs semi-nomades, se déplaçant à travers Nitaskinan1littéralement « notre terre », territoire ancestral situé dans les régions boisées du Québec couvrant 80 000 km2.

Les Atikamekw entretiennent un lien sacré avec la forêt et sont connus pour être les premiers à avoir récolté la sève du tronc des érables.

Initialement, chaque famille occupait un espace spécifique du Nitaskinan où elle pouvait pratiquer ses activités de chasse, trappe, pêche et cueillette nécessaires à sa subsistance.

Les premiers contacts avec les Français ont lieu au XVIIe siècle, au cœur de la forêt boréale de la haute Mauricie. Des relations commerciales débutent avec les Européens avec la traite des fourrures, en particulier le troc de peaux de castor contre des produits européens. On dénombre quatre postes de traite sur le territoire au XIXè s.

En arrivant sur le territoire, les missionnaires les évangélisent et bannissent la culture traditionnelle, tout en jouant le rôle d’intermédiaire auprès du gouvernement dans la mise en place des réserves, les sédentarisant pour les protéger des coupes forestières des exploitations qui envahissent la région. Les années suivantes voient surgir des politiques d’assimilation forcée2 1932 permettant d’envoyer les enfants dans des pensionnats autochtones.

L’ethnocide perpétré durant cette période, rompt la perpétuation du savoir traditionnel, brisant la chaîne ininterrompue de connaissances des anciens. Leur spiritualité tout comme leur identité culturelle s’effacent au profit des valeurs occidentales. Il en résultera une amnésie irréversible pour les générations à venir.

Les Atikamekw commencent à revendiquer leurs droits à partir de 1970. Après des années de revendication pour protéger leurs droits territoriaux et la gestion des ressources de leur territoire ancestral, ils sont aujourd’hui très impliqués dans la reconnaissance de leur souveraineté territoriale et de leurs droits ancestraux.

Valorisant leur culture ancestrale par le biais d’activités touristiques, ils prennent part aux enjeux de gestion et de développement durable de leur région, et s’opposent à la déforestation massive de leur territoire par des actions concrètes sur le terrain.